Corona-journal/J-10

corona

Inutile de rappeler que chacun est libre de lire ou pas mon Corona-journal !

Hier, à 19 h 30, j’ai mis quand même mis une petite bougie sur le rebord de ma fenêtre un peu en équilibre instable et qui a tenu allumée à peine dix minutes à cause du vent. Juste deux/trois autres sur une fenêtre de l’immeuble à droite de la place.
J’ai à peine entendu le son des cloches au lointain.

bougie 25-03-2020
On est parti pour un enfermement jusqu’à fin avril. Faut-il dans ces conditions, continuer à rire de rien, à faire des billets bien trop légers -et inutiles…-, dans ces circonstances ? Bien sûr car il faut soigner notre moral, notre mental pour préserver notre santé. Tenir le coup et surtout, surtout, ne pas tomber malade.

Chacun, à qui mieux mieux, invente des trucs et astuces pour échapper à la contamination et à la déprime.

Marie-CloClo a transmis un tuto pour fabriquer un masque en « essuie-tout », écologique et économique. Si ça vous intéresse, je vous transmettrai le Power Point.

Notre coach Geneviève a cousu des masques en tissu élégants et lavables

masques tissus GLG

P-H, un contributeur actif de petites histoires drôles (lol) envoie chaque jour un sms à sa Mum pour la faire rire, et Annie veut bien me faire partager ses petits bonheurs. Nous rions ensemble et ça fait du bien !

Lundi, un pigeon s’est posé sur le rebord de sa fenêtre. Ils ont tapé la convers’ avant d’attaquer sa journée confinée-télétravaillée.
A 10 heures, il a fait une pause pour le 1/4 d’heure Caméra-Café avec ses collègues. Se serrer les coudes virtuellement, ça les aide énormément.
Avant midi, il a eu une grosse fringale. Il est allé chercher un saucisson -de chez la Colette- dans sa cave à vin et a commencé à entamer le trognon. Son portable a sonné. C’était sa nutritionniste qui lui rappelait qu’il devait faire attention à son régime, vu que toute activité sportive était formellement interdite pour le moment.
A 18 heures, il est sorti de chez lui, avec son attestation, pour aller retirer sa commande au Drive. N’ayant pas de masque, il avait mis un caleçon sur la tête ; les employés ont pris peur, le prenant pour un gangster, et ont brandi leur droit de retrait au Directeur arrivé en courant, alerté par tout ce boucan.
Quelle journée ! Pauvre gamin !

Quant à moi, je reçois un tas de tutos pour les abdos, les étirements, la respiration , etc.  de la part de la Gymvolontaire d’O. Y’a pas que les Profs qui sont attentifs à leurs élèves !
Comme j’ai pas trop de volonté -juste pour ça !- j’ai repensé à un exercice facile que je faisais, il y a quarante ans : faire le tour de l’appartement en marchant en canard. Facile ! … Sauf que quarante plus tard, j’peux plus plier mes genoux donc j’peux plus me baisser, donc j’peux plus tonifier mes cuisses…

Un autre exercice plus adapté à nos âges : partir d’un bout de l’appartement et marcher sur un carreau sur deux, jusqu’au fond de l’appart’. Compter les pas et refaire l’exercice autant de fois nécessaires pour arriver à la distance fixée ! J’ai testé : ça me fait 21 carreaux (33×33) = 693 mètres… Je suis loin du kilomètre !

Avant hier, pour ma sortie hygiénique tolérée d’une heure montre en main, dans un rayon de moins d’un kilomètre de chez moi, je le précise, je suis partie par le cimetière de Pierre-Bé toujours ouvert et toujours désert, direction l’entrée principale de Lyon-Sud -où j’ai pris le bus au retour pour être à l’heure !- en longeant Le Grand Perron -monument historique- par l’extérieur. Je n’ose plus circuler à pied dans l’enceinte de l’Hôpital et la chapelle que j’aime visiter doit être fermée.

Le Gd Perron Pierre-Bé1


Découverte d’une fresque colorée sur l’histoire de ce quartier de Pierre-Bé que je n’avais encore jamais remarquée

Fresque Gd Perron (1)Fresque Gd Perron (3)Fresque Gd Perron (4)

Je vois des sourcils se lever et j’entends des voix murmurer à la lecture de cette confession. Sur ce parcours, je n’ai parlé à personne, j’ai croisé un ou deux piétons et dans le bus, je me suis confinée tout au fond ! J’ai respecté à la lettre les consignes gouvernementales et appliqué les 5 gestes « barrière ».
Mais j’ai fait une cure de soleil, d’air pur, de Nature, et ça m’aide à bien me porter -sourires-

fleurs blanches

Hier, je ne suis pas sortie des limites de la co-pro -pour ne pas avoir à recopier une attestation-.Deux tours complets dans un périmètre de 500 mètres environ, en marche rapide et course, selon mon appli, quelques photos glanées, et pour finir les 6 étages aller-retour de mon immeuble, le tout en 3/4 d’heure chrono (2,77 kms).

J’ai croisé un jeu de Marelle et me suis propulsée entre ciel et terre et j’ai même pu réviser mes tables de multiplication


Une dernière info avant de finir ce billet : j’ai ouvert un journal « téléphone » pour noter chaque jour les appels reçus et les appels donnés. Dans un mois, la liste sera longue !

Prenez soin de vous
Ceux qui ont une santé plus fragile, ne sortez pas…

Jeudi en Littérature

Ce billet était programmé depuis quelques semaines

Je ne sais plus comment ce petit bijou de livre est arrivé entre mes mains… S’il m’a été offert, que celle (ou celui) qui l’a fait ne m’en veuille pas trop et se manifeste.

NB du 27-03 : Merci Marie-Clo de m’avoir précisé que c’est notre Amie Marie-JoJo qui m’a offert ce livre car elle adore cet auteur. Comment ai-je pu oublier ?…

Ici ça va

Ici ça va de Thomas Vinau*, petit roman de 134 pages, est une succession de chapitres courts -comme les phrases qui nous bousculent, l’air de rien- qui raconte les jours simplement ordinaires d’un couple désireux de redécouvrir le goût de la vie… Une aspiration de beaucoup de gens, plus aisée à dire qu’à faire.

page 64 : « La joie est belle. La joie est simple. Avec le temps je vois ça comme une sorte de sport. De régime. Une discipline. Une acuité du coeur et de l’oeil. Il y a des ressources considérables à puiser là-dedans. De la force. De la beauté. De la vérité. Pourtant ce n’est pas une situation confortable. Elle demande de la vigilance. De la volonté. Pas de forcer les choses, non, mais de faire attention. Il est bien plus confortable d’être négatif. C’est naturel, et on trouve toujours de quoi faire pour se tirer vers le bas. Aujourd’hui je veux faire attention à ce que je vois. A ce que je touche. A ce que je goûte. Aux variations de la lumière. Aux odeurs. Aux mots. Tout à l’heure je suis allé à la pharmacie du village. Les enfants sortaient de l’école. Leurs cris remplissaient tout l’espace. Tout le ciel. Devant moi une petite fille racontait l’histoire d’un lapin à lunettes qui ne veut pas aller se coucher. Je ne suis pas entré dans la pharmacie. Je les ai suivis tranquillement jusqu’à la fin de l’histoire. Du coup je me suis retrouvé à la boulangerie. J’y ai acheté des tartes au citron. Ema adore les tartes au citron. »

Il y a dans ses phrases courtes tous les matins du monde.
Yann Plougastel
Le Monde Magazine

*Thomas Vinau est né en 1978 à Toulouse et vit au pied du Luberon. Auteur de nombreux recueils de poésie dont Bric à brac hopperien (2012) et Juste après la pluie (2014), il se lance brillamment dans la fiction avec Nos cheveux blanchiront avec nos yeux (2011) et Ici, ça va (2012), avant de travailler sur un recueil de portraits : 76 clochards célestes ou presque (Castor astral, 2016). Après La Part des nuages, ils publie son 4e roman, Le Camp des autres.

cerisier (2)