Challenge « Textes courts » chez Lydia

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Catégorie : Roman
Nom de l’auteur : Annie Ernaux
Titre : Une Femme (Editions Gallimard -1988)
Nombre de pages : 95 pages

Ce livre n’est pas vraiment un roman ni une biographie. « Mon projet est de nature littéraire » (page 21). « Ceci n’est pas une biographie, peut-être quelque chose entre la littérature, la sociologie et l’histoire. » (page 94)

Trois semaines après la mort de sa mère en1986, Annie Ernaux commence à écrire sur elle. Quelques années auparavant, elle avait écrit un livre « La Place » après la mort de son père en 1967.

En haut d’une page blanche, elle pose la date, le 7 avril, et au fil des pages elle déroule, laborieusement, la vie de sa mère « née dans le quartier rural d’une petite ville de Normandie et morte dans le service de gériatrie d’un hôpital de la région parisienne« . « C’est une entreprise difficile. Pour moi, mère n’a pas d’histoire. Elle a toujours été là. Mon premier mouvement, en parlant d’elle, c’est de la fixer dans des images sans notion de temps : elle était violente, c’était une femme qui brûlait tout… » (page 19).

Annie Ernaux a passé beaucoup de temps à ordonner ses « ressentis », tant sur sa vie, ses révoltes, que celles de ses parents. Pour sa mère, elle revient sur le parcours de cette femme qui voulait sortir de sa condition, de son ordinaire, et de sa volonté pour s’élever dans la Société. « La jeunesse de ma mère, cela en partie : un effort pour échapper au destin le plus probable, la pauvreté sûrement, l’alcool peut-être A tout ce qui arrive à une ouvrière quand elle se laisse aller… » page 29

« En fait je passe beaucoup de temps à m’interroger sur l’ordre des choses à dire, le choix et l’agencement des mots, comme s’il existait un ordre idéal, seul capable de rendre une vérité concernant ma mère -mais je ne sais pas en quoi elle consiste- et rien d’autre ne compte pour moi, au moment où j’écris, que la découverte de cet ordre-là. » (page 38).

« En 1967, mon père est mort d’un infarctus en quatre jours. Je ne peux pas décrire ces moments parce que je l’ai déjà fait dans un autre livre, c’est-à-dire qu’il n’y aura jamais aucun autre récit possible, avec d’autres mots, un autre ordre des phrases. » (page 64).


« Je n’entendrai plus sa voix. C’est elle, et ses paroles, ses mains, ses gestes, sa manière de rire et de marcher, qui unissaient la femme que je suis à l’enfant que j’ai été. J’ai perdu le dernier lien avec le onde dont je suis issue. » (pages94-95) FIN.

Mon avis :
Comme je me suis retrouvée dans ce récit ! C’est, en quelque sorte, « mon » histoire. Alors que j’ai « croisé le fer » avec ma mère pendant plus de soixante ans, elle me manque maintenant qu’elle n’est plus là. Souvent je repense à ce qu’elle me disait mais surtout à tout ce nous ne nous sommes jamais dit…

26 réflexions sur “Challenge « Textes courts » chez Lydia

  1. Un récit qui doit être très touchant. Je pense que c’est difficile d’écrire sur sa mère, la mienne a toujours été présente et en vérité on la connaissait peu, elle ne se livrait jamais, je ne peux pas dire si elle a été heureuse, en tout cas elle a toujours fait en sorte que nous ses enfants nous le soyons.
    Bonne journée.
    bises

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    1. Hello Danièle
      Un jour, j’ai demandé à la mienne de me raconter sa vie pour que je la transcrive sur l’ordi… Elle tenait dans une page de texte.
      Les femmes vivaient beaucoup plus dans l’ombre de leurs maris à l’époque. Ma mère était très soumise, je crois qu’elle avait peur de mon père.
      Gros bisous en canicule

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    1. Hello Chantal
      J’ai la mémoire qui flanche, j’me souviens plus très bien, la la la la la 😆
      Tu connais sans doute cette vieille chanson que chantait Jeanne Moreau ?
      Annie Ernaux a écrit pas mal, en effet.
      As-tu aussi chaud que moi ? Je ruisselle à longueur de jour et de nuit 😥
      Gros bisous

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    1. Hello Carrie
      Hier j’étais avec une amie d’enfance et nous parlions de nos mères disparues.
      J’adorais la sienne et j’aurais voulu avoir une mère comme elle, elle était un peu ma mère de substitution, je pouvais lui parler de ma vie, ce que je ne pouvais pas faire avec la mienne.
      Mais avec les années qui passent, je repense souvent aux réflexions qu’elle me faisait, à ses façons de faire et je me dis qu’elle avait souvent raison. Ce qui n’était pas fun c’était sa manière de dire et faire 😉
      Gros bisous

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        1. Hello Carrie
          Avec mes filles, j’accepte beaucoup de choses mais je n’accepterai jamais le manque de respect, l’impolitesse, mais leurs principes d’éducation reçus sont bien encrés et immuables 😉
          Et elles les transmettent !
          Tout ça ça s’apprend, comme l’orthographe et la grammaire 🙄
          Bises

          Aimé par 1 personne

  2. je ne connais pas l’auteure et ta présentation est très prenante
    ta conclusion est très touchante
    avec ma mère malheureusement c’est un sujet comme tu sais bien trop difficile ça pour moi …..
    gros bisous
    patricia

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